La Turballe Infos

Une fin de matinée ordinaire à la criée

La rédaction a pu s’introduire dans la criée, ce haut lieu turballais, mercredi 2 avril, à la fin de la vente, pour découvrir quelques rouages de l’activité qui participe à la réputation de la commune. Petite immersion au cœur du port, pas forcément si bien connu des habitants.

Il est sept heures du matin, en ce deuxième jour d’avril. Le rendez-vous est fixé avec Dominique Le Ray, le responsable d’exploitation du port de La Turballe. C’est le numéro deux, derrière Max Palladin, directeur général de la SAEML (société anonyme d’économie mixte locale) qui gère les criées du Croisic et de La Turballe.
Mais, avec 32 années de criée au compteur, et après avoir occupé tous les postes, Dominique Le Ray est sans conteste l’un des plus fins connaisseurs du port (pêche et plaisance). Quel meilleur accompagnateur que lui pour nous expliquer tous ces rouages « méconnus » de la majorité de la population ?
Sept heures, l’heure est déjà bien tardive pour la criée et la vente du jour. Mais dans ces métiers, il ne faut pas compter sur des horaires fixes pour travailler. Le débarquement du poisson peut avoir lieu à 22 h 00, comme à 2 h 00, sans aucune garantie de précision. « C’est à la demande, en fonction du poisson à traiter », explique Dominique Le Ray. « À partir de 16 h 00, un répondeur téléphonique délivre les informations. Mais il y a un problème, les marins déclarent rarement leurs apports ».

Informatique et Internet révolutionnent l’activité

Ce Turballais de toujours est le premier témoin de l’évolution de la criée. « Si l’on remonte 25 ans en arrière, le poisson se vendait à la voix (l’informatique est arrivé en 1993). La méthode de travail a considérablement évolué en très peu de temps. Désormais, le pesage s’effectue avant la vente ». Avec le système informatisé, le temps de travail a été divisé par deux. Désormais, le logiciel permet d’obtenir des informations sur la qualité du poisson, son poids, et tout est codé, grâce à des  étiquettes. Sur celles-ci, on retrouve le nom de la société, le nom du bateau, le nom du poisson (ainsi que son nom latin), et sa classification. « Le ticket va du poisson au consommateur », poursuit Dominique Le Ray. Une traçabilité très fiable donc, de plus en plus exigée par les normes en vigueur. Mais ce qui a donc surtout révolutionné l’activité donc, avec l’arrivée d’internet, c’est la vente en ligne. « Le poisson peut partir loin, en région parisienne, où en Espagne par exemple. Internet, cela génère de la concurrence supplémentaire, et un apport de gens extérieurs, qui régulent le marché ».
Sous cette grande halle de vente, très propre, pêcheurs mais surtout mareyeurs s’affairent. Le port de La Turballe recense une centaine d’espèces de poissons qui peuvent être pêchées. Mais, en ce début de printemps, il n’y en a qu’une trentaine qui est exploitée. Cela laisse tout de même du choix, des poissons les plus classiques (bar, sole, rouget, maquereau, merluchon,), au plus rare – tout du moins pour les consommateurs – comme l’émissole, une espèce de requin.

L'importance des quotas

Actuellement, la pêche de la sole est presque fermée, pour cause de quotas, et la saison du bar a débuté depuis peu, après les tempêtes de cet hiver. Avec ces fameux quotas, « on ne pêche pas comme on veut », semble déplorer le responsable du port. L’anchois, par exemple, qui a fait la réputation de La Turballe – avant la crise liée à cette espèce – peut être pêché de juin à novembre. Quotas, délimitations des zones de pêche (de la frontière espagnole jusqu’au nord de la Manche, et zones accessibles selon les catégories des bateaux), dépendance à la météo, travail aléatoire en horaires totalement décalés sont autant d’obstacles pour ce métier, toujours plus dur. La plus grande difficulté consiste à pouvoir rentrer dans ses frais de gestion, avec, entre autres, le prix du bateau, du carburant, etc..
Y aurait-il actuellement une crise des vocations ? Dominique Le Ray ne pense pas, mais estime que le coût pour travailler à son compte (devenir patron pêcheur) est exorbitant.

Une fourmilière

Environ 300 personnes travaillent sur le site du port, et environ 120 personnes de manière régulière. Et, bonne surprise pour ceux qui affectionnent la parité, un certain nombre de femmes sont présentes, « dans ce milieu assez dur », comme le reconnaît Dominique Le Ray. Ce sont essentiellement des mareyeuses, ces grossistes qui retravaillent le poisson. Et « elles ont du chien », sourit notre homme.
Il est important de préciser que le port de La Turballe, dixième port français de pêche, concentre son activité sur le poisson, tandis que celui du Croisic est tourné vers les coquillages et crustacés (Si l’on additionne les résultats des deux criées, la SAEML devient le cinquième port de pêche en France). Autre information : le port de La Turballe, qui possède trois camions (un 44 t et deux 26 t, peut aller chercher le poisson de ses marins de Cherbourg jusqu’à La Rochelle, ce qui évite des allers-retours aux bateaux).

Une activité incessante

Il est 8 h 15, le jour s’est levé, et la visite est passée beaucoup trop vite. Le poisson est désormais acheminé par camions dans différents points. Dominique Le Ray, passionné donc passionnant, ne s’est jamais mis en avant. À 53 ans, il en a donc déjà passé 32 au service du port. « Au départ on se dit qu’on ne restera pas trois mois. Et puis…C’est une passion, un sacerdoce. C’est peut-être un milieu dur, mais c’est un milieu de gens passionnés. Et si nous (les 22 membres du personnel qui gèrent aussi la plaisance) ne faisions pas notre métier correctement, les pêcheurs ne pourraient pas forcément travailler correctement également ».
De la tôle à ramasser, une vingtaine de kilos de fientes de mouettes à enlever, voilà pour l’immédiat. Moderniser la technique de glaçage, réorganiser la zone de carénage (avec l’arrivée de la zone de maintenance du futur parc éolien du banc de Guérande), voilà pour le futur à moyen terme. « On ne s’arrête jamais. Un port vit 24h/24h ».

Auteur : JR | 08/04/2014 | 0 commentaire
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