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La Turballe drague son port de manière écologique et économique

Un important chantier de dragage du port de La Turballe va se dérouler tout ce mois de novembre 2015. Objectif: retirer les quelque 10.000 mètres cubes de sédiments qui s'y sont accumulés depuis 2000. Les normes environnementales et les techniques ont évolué depuis le dernier dragage voici 15 ans. Le procédé qui va être mis en œuvre à conjugue "écologie et économie". Il intéresse beaucoup les opérateurs confrontés à ce type de travaux.

Avant, les sédiments retirés du fond des ports étaient le plus souvent rejetés au large en mer. Aujourd'hui, c'est interdit dès que des analyses détectent la présence de contaminants. C'est le cas à La Turballe. Quand le chantier a été préparé en 2010, on a trouvé -à des niveaux faibles mais supérieurs à la norme- des traces de métaux : cuivre et sélénium notamment. L'origine est connue: ces résidus viennent  des peintures antifouling décapées au moment de l'entretien des bateaux.

Depuis l'ouverture de l'aire de carénage qui traite tous les effluents, il n'y a plus aucun rejet direct dans le port de la Turballe. Les traces détectées remontent donc à la période antérieure. Conclusion: les sédiments provenant du dragage du port doivent être stockés à terre. Conséquence: la facture s'envole. Pour traiter, transporter et confiner les quelque 10.000 mètres cubes de sédiments vers la déchetterie spécialisée la plus proche (Vannes), le devis était de 3 millions €.

L'opération de dragage a pu être un peu différée dans le temps avec le souci de l'intégrer dans le calendrier d'autres travaux du port. Un procédé moins onéreux, qui a déjà fait ses preuves ailleurs (1), a été retenu, validé et va être mis en œuvre. Les produits de dragage seront confinés dans une bâche étanche posée dans les fondations du futur bâtiment de stockage à construire en 2016. Une opération gigogne, en quelque sorte.

Les travaux préparatoires sont achevés. Une pelleteuse équipée d'un godet en forme de grille a retiré trois bennes de gros déchets -dont de nombreux pneus- qui ont été traités en déchetterie. Sur le terre-plein, à l'emplacement du futur bâtiment, une excavation a été creusée et rendue étanche par une bâche soudée (comme un liner de piscine) avec des couches de sable et de textiles spéciaux pour prévenir les perforations. 

Les vases molles du fond du port vont être draguées par aspiration et refoulées vers ce trou à l'aide de puissantes pompes. De gros tuyaux d'évacuation y ont été raccordés et les déverseront dans des géotubes. Il s'agit de sortes de "grandes chaussettes" qui filtreront l'eau et retiendront les sédiments. Ces derniers, additionnés d'un produit floculent, vont "précipiter" et libérer leur eau qui sera épurée dans la station de traitement de l'aire de carénage avant d'être rejetée -propre- en mer. 

Un réseau de drains disposé au fond de la bâche évacuera en permanence l'eau -libérée par les vases en cours de solidification- vers un point bas où  une pompe de relevage l'aspirera pour la refouler vers la station de traitement. Vers mars-avril 2016, les sédiments devraient avoir atteint leur consistance solide permettant la construction du bâtiment. Il sera édifié sur une dalle de béton qui recouvrira l'excavation remplie par les vases séchées et reposera sur les têtes des pieux préalablement fondés (sans contact avec les sédiments).

Ce bâtiment  servira essentiellement à stocker les caisses à poisson de toutes dimensions qu'utilisent  chaque année les pêcheurs pour conditionner, débarquer le produit de leur pêche et le présenter en criée. Ces contenants sont aujourd'hui entreposés à l'air libre sur le port. Un espace est aussi prévu pour confiner les matériels de pêche usagés parfois abandonnés sur l'aire portuaire avant leur tri et leur traitement en déchetterie. 

La mise en œuvre de ce procédé de traitement et de stockage des produits de dragage a permis de réduire le coût global de moitié: 1, 5 million d'€ ou lieu des 3  initialement prévus …et c'est sans compter le bilan carbone et les nuisances de la noria de camions qu'il aurait fallu organiser pour transporter les 10.000 m3 de vase de La Turballe à Vannes. 

(1) A Port La Forêt, un chantier de dévasement du port de plaisance a été conduit les années dernières selon ce procédé. 60.000 mètres cubes de sédiments ont été pompés et refoulés sur des terrains situés à 3 kms en retrait du littoral. L'eau ressortait "claire" des géotubes. Un terrain de sport a été aménagé sur ces remblais. 

02/11/2015 | 7 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 03 novembre 2015 à 14h28 par Jean Choix
Bravo les "portuaires" ! Voila enfin une information positive sur La Turballe. Cela change des chicayas interminables entre les incontournables (sur ce site) piliers du café du Commerce qui font refont la partie de petits chevaux avec leurs canassons fourbus.
Pendant ce temps là, il y en a qui font tourner la boutique, donnent une bonne image de notre cité et préparent l'avenir.
J'hésite à le dire...puis, tant pis, je me lance.
Peut-on suggérer aux responsables du port que si, quand tous les sédiments auront été stockés dans la fosse, il reste un peu de place, on y mette (non pas les vieux grognons qui se disputent à longueur de temps avec les mêmes arguments et les mêmes préjugés à la sauce mauvaise foi) mais toutes ces querelles qui ne font pas avancer le "schilmblic" de notre commune qui vaut mieux que ces guérillas éternelles d'ennui.
Du coup, cela éclaircirait l'horizon. On saurait que ces disputes ont été rangées dans le bon tiroir (avec la vase contaminée du port)et qu'elle est protégée par une belle dalle de béton en guise de pierre tombale.
Ah ! si seulement ça pouvait en être ainsi.
#2 - Le 05 novembre 2015 à 09h43 par mourain
Super article bien documenté et
explicatif.
Et enfin un commentaire(jean Choix)sensé et apaisant!
#3 - Le 05 novembre 2015 à 11h01 par un peu d'écologie, La Turballe
Attention à la confusion des termes: une déchèterie est un centre d'accueil des particuliers pour leurs déchets "encombrants" ( déchets verts, gros électroménagers, gravats,...) vous vouliez probablement parler d'une Installation de Stockage de Déchets Dangereux ( ISDD dans le jargon administratif) qui serait plutôt basée dans le Maine et Loire qu'à Vannes.
Par ailleurs, je vous trouve trop enthousiaste, ce projet n'est pas tout à fait exemplaire car :
- l’Arrêté préfectoral du 19 janvier 2015( tel qu'on peut le télécharger sur le site de la Préfecture 44) ne prévoit aucune mesure de suivi à long terme de ce dépôt de déchet (ex: pas de verification de l'absence de lessivage des boues de dragage en fonds de fouille qui semble être au dessous du niveau des plus hautes marées, comment résistera la membrane plastique sur le long terme,...),
- faire des économies aujourd'hui c'est bien, transférer des charges sur les générations futures et la collectivité en cas de problème environnementaux demain, cela l'est moins
- info intéressante de votre article, la dalle ne servirait plus à accueillir les ateliers de maintenance du parc Eolien, ce qui était pourtant affirmé dans des articles antérieurs.
- Pourquoi ne pas prévoir alors d'installer sur ce lieu l'éventuelle usine de farine de poisson:on éviterait ainsi les transferts par des poids lourds au coeur de la ville et leurs nuisances.
Ce serait quand même bien qu'une forme de débat existe sur ces projets pour favoriser leur compréhension et leur acceptabilité.
malheureusement la SEM reste sur de vieux principes du style, je fais ce que je veux chez moi et je communique quand je le veux
#4 - Le 05 novembre 2015 à 12h51 par PASATISFAIT
D'accord avec Jean Choix : enfin une information constructive, positive, et qui donne une note dynamique dans le paysage quotidien de la critique, plein de vieilles querelles ressassées, tellement ressassées qu'elles perdent tout impact et provoquent l'effet inverse : le dégoût de toute cette boue maintes et maintes fois remuée.
Enfouissons cette boue toxique une fois pour toute et la critique, si critique il doit y avoir, se doit d'être constructive, avec une préoccupation de l'avenir et non basée sur un passé, dont franchement, la plupart des turballais, n'en n'ont rien à faire !!
Remettons un peu d'ordre et de dignité dans les débats s'il vous plait !
#5 - Le 05 novembre 2015 à 13h19 par le squic
Merci aux services du port pour ces explications. c'est important que les habitants soit informés des travaux en cours et des futurs projets. La commune ne gérant plus les ports de pêche et de plaisance c'est maintenant à vous de communiquer sur ce qui se passe au port.
D'autant plus que le futur chantier éolien suscite de nombreuses interrogations; çà éviterait aussi d'entendre tout et n'importe quoi sur le sujet. On compte sur vous
#6 - Le 06 novembre 2015 à 18h40 par raoul, La Turballe
Amusant de voir que ceux qui souhaitent un débat apaisé sont les mêmes qui sont les plus virulents
#7 - Le 06 novembre 2015 à 18h51 par mourain
Montrés votre article à 2 voisins qui ne connaissent pas votre site:ils ont été trés interessé par sa teneur!
D'accord avec le squic au sujet de l'éolien:des associations sont contre,d'autres pour(Piriac),impact visuel imperceptible ou pollution visuelle(selon d'autres),impact sur la faune et la flore:aucun ou catastrophe!Retombées economiques:plein d'emplois(300) et touristiques(visite du parc),pour d'autres neants!
Enjeux financiers:qui investit et au final qui paiera?
La population et pas que Turballaise se posent des questions.

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