Il y a presque un an, un collectif de défense de la mer annonçait sa création. Quelques mois plus tard, les avancées sont mitigées. Après quelques déconvenues techniques qui ont fait débuter la conférence 25 minutes en retard, le sujet était lancé : que faire pour la protection de la biodiversité dans les fonds marins ? Vendredi 29 octobre s’est tenue une conférence débat pour exposer les études faites par les militants associatifs et témoins des changements de notre environnement.
Paroles tenues quant à la mise en application des recherches sur les quatre axes qui avaient été définis :
- la sauvegarde de la biodiversité des fonds marins, de la qualité des eaux, de l’intégrité des côtes et des plages.
- la défense des zones Natura 2000
- la vigilance sur le dragage des estuaires et des ports
- l’opposition au projet d’éoliennes off-shore sur le Banc de Guérande et le plateau de la Banche.
Aujourd’hui, le conseil de développement de Cap Atlantique s’est prononcé pour l’abandon du projet éolien sur le plateau de La Banche qui visait à implanter 12 éoliennes maritimes. Loin d’être seuls dans cette bataille, les membres du collectif peuvent se féliciter de toutes les études qui ont permis d’arriver à un tel résultat. Ce succès ne les empêche pas de voir à l’horizon les enjeux concernant la biodiversité de la Presqu’île. À l’initiative de la Fédération Presqu’île Environnement, un programme scientifique a vu le jour et permet d’étudier les variations que connaît l’environnement naturel de nos côtes. À l’image des observations menées à l’étranger, on apprend par exemple que le poisson connaît des difficultés de croissance dans les zones d’implantation d’éoliennes voire même une disparition de certains pélagiques dont résulte une bonne partie de l’économie artisanale et industrielle de la pêche. Selon les études, les éoliennes modifieraient le trajet du poisson via les ondes qu’elles émettent en ultrasons alors que nous sommes dans une région maritime où la pêche, la mytiliculture, la conchyliculture, la saliculture sont des activités essentielles de l’économie. Pour aller plus loin encore, Rémi Gautron et Jean-Claude Menard nous expliquent que les risques se posent à un autre niveau : celui de la qualité de l’eau. Après avoir mis en place un plan d’action et de recherche sur les fonds marins, ils se sont rendu compte que la flore marine était très impactée par la dégradation de la qualité de l’eau. La laminaire par exemple, une biodiversité emblématique des eaux bretonnes, qui joue un rôle important en zone littorale pour l’abri d’autres espèces animales et végétales, tend à disparaître. Les laminaires notamment sont un immense bassin pour la reproduction des crustacés. Qu’en sera-t-il quand nos pêcheurs ne trouveront plus les ressources de leur activité ?
A cela s’ajoute la prolifération des algues vertes favorisées par les détergents, engrais phosphatés, rejets de station d’épuration, nitrates que l’on rejette sur nos côtes. Ce sont les baies semi-ouvertes, comme celles de La Baule et celle de la Vilaine qui sont les plus touchées par la prolifération incontrôlable de ces algues.
L’envasement des estuaires liés aux barrages installés bien évidemment ne favorise pas la diversité, qu’elle soit végétale ou animale. On apprend que chaque année 200 000 tonnes de nitrates sont rejetées en mer via la Loire, et 30 000 tonnes par le bassin de Vilaine.
En 2010, le ramassage des algues vertes correspondait à 12 406 tonnes sur la Presqu’île soit environ 275 000 euros d’argent public. En 2011, c’est 14 946 tonnes pour 311 456 €. 17 % d’algues vertes en plus quand le coût a augmenté de 10 % en un an. Huit tonnes de pesticides, fongicides, nématicides et autres produits sont rejetées dans la Loire et le même chiffre dans la Vilaine.
La Presqu’île est exposée à un danger d’uniformisation de sa flore avec des marées qui pourraient revenir de façon catastrophique et impacter la faune marine. « Dès qu’il y a de la houle en mer et sur les bassins des estuaires Loire et Vilaine, il y a des algues vertes. Sans compter que les courants marins vont vers le nord » souligne Rémy Gautron.
Pesticides, fongicides, nématicides sont les ennemis des nappes phréatiques mais deviennent aussi les croque-morts de la flore marine, élément essentiel à la qualité de nos eaux. Et pourtant Cap Atlantique prépare aujourd’hui une plateforme de transformation d’algues visant à servir d’engrais pour les activités agricoles du territoire. Un motif qui vient s’ajouter au sentiment de mépris que ressentent les associations de défense de la mer quand elles sont écartées des débats visant l’installation d’éolienne off-shore sur le banc de Guérande, premier poumon naturel de la région !
On comprend dès lors que la conférence puisse se transformer en pugilat contre l’éolien maritime. Néanmoins, reste qu’il serait nécessaire de retourner à la table des concertations pour favoriser une énergie nouvelle et créatrice d’emploi au regard de l’identité de nos territoires. Mêler bassin industriel et protection du littoral n’est pas chose aisée.
Plusieurs propositions cependant ont été amenées au cours de la soirée :
- l’isolation des bâtiments, des maisons qui représenterait 20 à 30 % d’économie
- L’inventaire en amont du choix d’un site et l’analyse des conséquences sur la biodiversité. Un pêcheur aujourd’hui est l’équivalent de quatre emplois.
- La patience, maîtresse de toutes les vertus, pour privilégier des solutions associées aux plateformes éoliennes et hydrauliques à terre.
- Création d’un GIZC (Gestion Intégrée des Zones Côtières)
Ces sujets ont été évoqués lors des réunions sur l’élaboration de l’éolienne en mer mais n’ont visiblement pas trouvé leur écho. Certaines associations comme Pen Kiriac se sont senties utilisées comme des faire-valoir de la démocratie en constatant que les zones d’implantation choisies répondent aux intérêts des entreprises industrielles. Quand on sait que c’est finalement le préfet maritime qui choisi la zone d’implantation, on est en droit de se demander s’il n’y a pas de conflits d’intérêts. L’inquiétude est grandissante, dans les 400 zones mortes que compte le monde, on constate que ce sont tous les estuaires de France qui perdent leur faune et leur flore.
En parallèle de la mise en place d’un Plan local d’Algues vertes pour lutter contre sa prolifération, l’état autorise une augmentation de 20 % de l’épandage des agriculteurs. Avocat du diable, il apparaît légitime de se demander en quoi cela leur est positif voire utile.
Bien évidemment, Jean Pierre Barbier, le Président de Pen Kiriac rappelle que « ce ne sont pas les petites exploitations agricoles qui sont un danger mais les grosses exploitations industrielles qui ne respectent pas les directives européennes sur l’eau et les nitrates ». Une prise de position qui vise à intégrer les agriculteurs dans le débat sans les culpabiliser. On regrette cependant qu’ils n’aient pas été invités à cette soirée débat quand il s’agit de mutualiser ses compétences pour faire entendre sa voix dans les hautes instances. Dommage également de voir que le public présent ne se définissait au bout du compte que comme une sphère de convaincu(e)s.(voir media-web.fr)
Le Plan Algues Vertes aujourd’hui ne concerne que les Côtes d’Armor et le Finistère. Il représente un budget de 130 millions d’euros. Considérant que la Révision Générale des Politiques Publiques ne va pas dans le sens d’une augmentation de budget, les associations du Nord Bretagne sont encore frileuses à l’idée de partager le financement avec les départements touchés au sud de la Bretagne. La mutualisation des actions n’est pas encore faite.
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